La BDC annonce 500 millions$ de plus pour les femmes en techno

La Banque de développement du Canada (BDC) a annoncé mercredi matin la création d’un nouveau programme d’investissement de 500 millions de dollars appelé Excelles, qui compte aider exclusivement les entreprises canadiennes dirigées ou fondées par des femmes. Le succès d’un premier fonds de 200 millions lancé en 2017 a incité l’institution canadienne à voir plus grand, à un moment où le capital risque de se faire de plus en plus rare pour les nouveaux entrepreneurs.

Le lancement de ce que la BDC appelle la « plateforme d’investissement Excelles » tombe à un bon moment, car les craintes liées à l’essor économique mondial pour les prochains mois pèsent de plus en plus sur le monde de l’investissement, qui se fait par conséquent plus frileux envers les jeunes entreprises. « C’est un peu le jeu du hasard », admet la présidente et cheffe de la direction de la BDC, Isabelle Hudon.

« Le moment a été choisi, car il marque la fin du cycle de cinq ans de notre fonds précédent, mais on voit en effet que le marché se refroidit, dit-elle en entrevue avec Le Devoir. Nous sommes quand même la Banque de développement du Canada. Dans les moments de crise, nous avons toujours été là, c’est notre rôle. »

L’approche de la BDC se fait en trois temps : une première tranche de 300 millions de dollars servira à procéder à des investissements directs dans des entreprises dirigées ou ayant été fondées ou cofondées par des femmes. L’institution ne s’impose aucune limite quant au secteur d’activité dans lesquels elle prévoit investir. La seule constante est que ces entreprises doivent avoir un composant numérique ou technologique.

Une seconde tranche d’une valeur de 100 millions sera remise par la filiale BDC Capital à d’autres fonds qui procéderont à leur tour à des investissements dans des entreprises souvent de plus petite taille et plus nichées que celles dans lesquelles la BDC investit.

Les 100 derniers millions iront à la création de ce que la BDC appelle le « Lab Excelles ». Cette enveloppe est également gérée par BDC Capital, et cible plus précisément les jeunes pousses technos à un stade très naissant de leur croissance. « C’est une aide qui arrive avant le capital de préamorçage, dit Isabelle Hudon. Il y a beaucoup de femmes qui ont de bonnes idées, mais qui n’arrivent pas à trouver le financement pour les lancer. Nous travaillons avec des partenaires du monde des start-up pour créer un environnement et une aide directe pour ces projets-là. »

Lancer un fonds d’un demi-milliard de dollars dans un contexte où d’autres investisseurs préfèrent peut-être se serrer la ceinture pourrait faciliter la recherche de projets pour la BDC. Celle-ci mise aussi sur le succès connu par le Fonds pour les femmes en technologie que l’institution a lancé en 2017 et dont la valeur s’élevait à 200 millions de dollars.

En cinq ans, ce fonds a permis à la Banque de venir en aide à quelque 7500 entrepreneures et femmes d’affaires partout au Canada. Elle détient encore une bonne trentaine d’entreprises qui ont bénéficié de ce programme dans son portefeuille, mais elle a aussi bouclé quelques dossiers qui lui ont été très profitables.

Un exemple est l’acquisition, en mars 2021, du site montréalais de partage de photos libres de droits Unsplash par le géant américain de la photo Getty Images. La valeur de la transaction n’a jamais été publiée, mais Unsplash avait récolté au-delà de 30 millions en investissements privés au cours des trois années précédant cette transaction. Cela incluait un coup de pouce du Fonds pour les femmes en technologie de la BDC et de la société de capital-risque en démarrage Real Ventures.

Quelques jours plus tard, Beanworks, une société basée à Vancouver spécialisée dans des outils infonuagiques de services à la clientèle, a été vendue pour 83 millions de dollars à la société française Quadient. La BDC avait participé à une ronde de financement en 2018 où la société Beanworks est parvenue à récolter 10,1 millions.

L’idée avec le Fonds Excelles est donc de reproduire ce genre de scénario, espère Isabelle Hudon. « Ce deuxième fonds est un peu le prolongement du précédent, mais avec une équipe plus ambitieuse et avec l’intention de faire plus d’investissements directs dans l’entrepreneuriat féminin », conclut-elle.

 

Source: La BDC annonce 500 millions$ de plus pour les femmes en techno

Catégorie: Financement

Étiquette: Femmes en affaires | Technologies

Date de publication

22 septembre 2022

Publication

Le Devoir

Section

Économie

Auteur

Alain McKenna